• 1er Mai sang versé à Fourmies

    Je  suis désolée j'ai confondu Aubépines et Eglantines. Je pensais Aubépine, et je me suis persuadée que je me trompais. Enfin vous comprendrez le message sans peine. 

    1er Mai sang versé à Fourmies

    Je suis une Fourmisienne. C'est à dire que je suis née à Fourmies dans le département du Nord, dans l'Avesnois.

    Aujourd'hui on fête le 1er mai comme  un porte bonheur, mais ce 1er mai vous le devez à ma ville, à Fourmies. Le premier Mai c'est le souvenir du sang versé, des innocents tués lâchement par des policiers, des soldats trop fiers d'utiliser pour la première fois leur fusil Lebel.

    Là sont mes racines les plus profondes... Ce que je vais vous raconter, c'est le sang qui coule dans mes veines...

    C'est peut-être pour cela que je suis tellement combative ?

    Des horreurs comme celles que nous voyons régulièrement à la télévision, existent depuis longtemps et même chez nous dans notre petit pays la France, qui se dit tellement pacifiste...

    1er Mai sang versé à Fourmies

    Fourmies : avril 1891… 

     La ville de Fourmies a atteint son apogée industrielle et démographique en 1891. Elle compte alors près de 16 000 habitants, en majorité des ouvriers qui vivent des conditions d’insalubrité importante. Parallèlement à une baisse de salaire de 10 à 15 % entre 1882 et 1891, le prix du pain a augmenté de 20 % et celui du charbon de 44 %. Durant l’hiver 1890/1891, plus de 2 000 personnes sont ainsi secourues par le bureau de bienfaisance de Fourmies. Le contraste avec la richesse du patronat est de plus en plus insupportable et révoltante pour l’ouvrier. A l'approche du 1er mai, on craint des mouvements de grèves, plus fort qu’en 1890. 

     

    1er Mai sang versé à Fourmies

    La journée du 1er mai 1891 à Fourmies 

     Nous sommes le 1er mai 1891. A 9 heures, la plupart des ouvriers de la ville sont en grève. Une seule filature reste en activité. Après une échauffourée avec les gendarmes à cheval, quatre manifestants sont arrêtés. Le premier slogan de la journée « c'est huit heures qu'il nous faut " est alors devenu "c'est nos hommes qu'il nous faut ». Le reste de la journée se déroulent sans aucun incident majeur. En début d'après-midi, le maire de Fourmies promet de relâcher à 17h00 les ouvriers qui avaient été arrêtés le matin. Il est 18h15, place de l’église, face à la mairie de Fourmies, les 4 grévistes emprisonnés le matin à la mairie n’ont toujours pas été libérés. 

     Près de 200 manifestants arrivent alors sur la place et font face aux 300 soldats équipés du nouveau fusil Lebel. Il est 18h20, les cailloux volent, la foule pousse. Pour se libérer, le commandant Chapus fait tirer en l'air. Il est presque 18h25, le commandant Chapus s'écrie : « Feu ! Feu ! Feu rapide ! Visez le porte-drapeau ! » La troupe tire et teste leur nouveau fusil Lebel. 

     La fusillade va faire une trentaine de blessés et neuf morts, dont 4 jeunes femmes et un enfant, parmi lesquels Maria Blondeau, jeune ouvrière de 18 ans tenant dans les mains un bouquet d’aubépine, Kléber Giloteaux, un jeune de 21 ans ou bien encore Emile Cornaille, âgé de 11 ans avec dans sa poche une toupie... 

     

    Les « martyrs de Fourmies » ont donné le 1er mai à la France ! 

     Ces morts, promus « martyrs » aux yeux des ouvriers, vont très vite devenir des symboles de la République répressive et de classe. Un dixième décès sera à déplorer le lendemain. Camille Latour, un ouvrier de 46 ans, commotionné après avoir assisté à la fusillade. Les 10 morts de Fourmies seront inhumés le 4 mai devant une foule estimée à près de 50 000 personnes. Quelques jours plus tard, à l’Assemblée Nationale, le député Georges Clemenceau déclarera « Il y a quelque part, sur le pavé de Fourmies, une tache innocente qu’il faut laver à tout prix….Prenez garde ! Les morts sont des grands convertisseurs, il faut s’occuper des morts ! ». 

     

    Je vous souhaite un joyeux 1er Mai. Qu'il vous apporte le bonheur. mais n'oubliez jamais que ce brin porte-bonheur que l'on offre ce jour là, c'est le bouquet d'Aubépine de Maria Blondeau. ON pourrait aussi penser à ce petit garçon qui voulait jouer avec sa toupie...

     

    1er Mai sang versé à Fourmies

     

     

    Avec le drame de Fourmies, le 1er mai va s'enraciner dans la tradition de lutte des ouvriers. Il représente un tournant considérable dans l’histoire du mouvement ouvrier français et mondial. A la fin de l’année 1891, l'Internationale Socialiste va renouveler le « caractère revendicatif et international du 1er mai » comme un jour à part pour le monde du travail, en hommage aux « martyrs de Fourmies » ! Il faudra attendre le 23 avril 1919 pour que le Sénat Français ratifie la journée de 8 heures. La signature des accords de Matignon par Léon Blum le 7 juin 1936, permettra une augmentation des salaires de 7 à 15 %, la reconnaissance du droit syndical dans l’entreprise, l’élection des délégués ouvriers, la création de conventions collectives, la semaine de 40 heures et les 15 jours de congés payés.

     

    Le 1er mai deviendra un jour férié en France en 1941… 

     C’est Lénine qui décide en 1920 de faire du 1er mai une journée chômée en Russie. L'Allemagne nazie va encore plus loin. Hitler, pour se rallier le monde ouvrier, fait, dès 1933, du 1er mai une journée chômée et payée. La France l'imitera sous l'Occupation, en 1941. En avril 1947, la mesure est reprise par le gouvernement issu de la Libération pour faire définitivement du 1er mai un jour férié et payé.

     

      

    1er Mai sang versé à Fourmies

     

    De l’aubépine au brin de muguet ! 

     En France, dès 1890, les manifestants du 1er mai ont pris l'habitude de défiler en portant à la boutonnière un triangle rouge. Celui-ci symbolise la division de la journée en trois parties : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs. Le triangle est remplacé dès 1892 par la fleur d'aubépine avec un ruban rouge, en hommage à Maria Blondeau, l’une des victimes de la fusillade de Fourmies, tuée avec un bouquet d’aubépine à la main. En 1895, le socialiste Paul Brousse lance un concours dans son journal, pour inviter ses lectrices à choisir une fleur symbole. Peu à peu s'impose l’églantine, symbole de la Révolution française et fleur traditionnelle du nord de la France. Mais cette rose sauvage connaît un sérieux rival, le muguet, qui a pour lui de fleurir précisément début mai. 

     En 1907, le muguet, symbole du printemps en Île-de-France, remplace peu à peu l’églantine. Le brin de muguet est alors porté à la boutonnière avec un ruban rouge.Après la Première Guerre mondiale, la presse organise la promotion systématique du muguet blanc contre la rouge églantine. C’est sous Vichy (1941) que la fleur traditionnelle d’Ile-de-France détrône définitivement l'églantine. A noter que depuis les années 1930, une tolérance de l'administration autorise les particuliers à vendre le 1er mai les brins de muguet sans formalités, ni taxes. 

     

     1er Mai sang versé à Fourmies

    Bonne soirée, à demain, en espérant que le ciel restera clément.

    Je vous embrasse

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  • Commentaires

    7
    Vendredi 1er Mai 2015 à 14:34

    Bonjour et merci de cette page d'histoire ma douce , 

    il ne faut pas tourner les pages trop vite, il faut savoir et se souvenir ! car à l'heure actuelle , beaucoup ne savent pas, ou oublient facilement . Les petites clochettes blanches ont alors qqs part , l'odeur des gouttelettes de sang , de part l’histoire .Des innocents meurent toujours pour des causes défendables, pour des droits ....pour la vie ,!  Merci à toi de ce rappel ! tu peux être fière d’être du nord ! 

    ta kathynette .   

    6
    Vendredi 1er Mai 2015 à 10:07

    Bonjour chère Emma, nous avons en commun ce Nord que nous aimons tant. Ton article est un extraordinaire rappel de l'origine du 1er mai et je t'en remercie. Je suis déjà passée plusieurs fois par Fourmies sans me rappeler que tu en es originaire. Je te pensais des Ardennes, toutes proches. Sur mon blog, j'ai ajouté un lien vers ton article. Gros bisous *** Francine.

    fourmies 

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    5
    Vendredi 1er Mai 2015 à 10:05

    Kikou Emma ! merci pour ton passage et ton commentaire ! Terrible ce retour au passé et qui rafraîchit la mémoire pour certains peut être ou qui font découvrir un 1er mai oublié ou ignoré comme c'est le cas pour moi en toute humilité ! En t'écrivant ces mots , nous regardons une chaîne de TV ou une MarseillaiZe est entonnée par les manifestants pendant le début de leur marche ! Terrible contraste en ton récit et ces images ! Merci pour cet appel à la mémoire ! Gros BiZous ! Daph cool

    4
    Jeudi 30 Avril 2015 à 19:38

    Coucou ma belle

    Je viens de lire quelque chose que je ne connaissais pas du tout, merci pour le partage, c'est super, je te souhaite une très bonne fête du 1er mai, je t'embrasse ma belle,  Puce

    3
    Stéphanie
    Jeudi 30 Avril 2015 à 19:27

    Bonne fête à ton ami Robert mon Emma!!

    Bonne soirée...

     

    2
    Robert
    Jeudi 30 Avril 2015 à 19:01

    Que le monde a changé depuis cette époque, du moins en France et en Europe.

    Mais les drames sont maintenant sur les autres continents .

    Merci pour ce rappel aux valeurs réelles de l'Europe.

    Bon Weekend

    Bisous et amitié

    Robert

    ^^

     

     

     

     

    1
    Stéphanie
    Jeudi 30 Avril 2015 à 17:42

    Coucou mon Emma!! Merci pour ces magnifiques créas et l'explication concernant le 1er mai (on ne sait pas toujours tout!!). Alors je comprends mieux pourquoi tu es si forte et courageuse mon Emma!! Pour ma part...je fais mienne cette phrase "ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort"... Bon 1er mai à toi aussi (moi je resterai au chaud car la pluie sera présente en RA). Bisous et pensées+++++

     

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